La place du chien dans nos sociétés a toujours suscité une forte controverse. Les plus grandes civilisations lui ont accordé une place de choix, vénéré par certaines, méprisé ou même diabolisé par d'autres. Certaines cultures antiques personnifiaient leurs divinités, représentées sous les traits de créatures zoomorphes ou mixtes. Chez les anciens, le chien était souvent associé à la mort, c'était un guide dans l'Au Delà, ou le gardien du monde souterrain.
Le panthéon égyptien est sans doute le plus connu. La richesse de la faune égyptienne a beaucoup influencé l’Egypte pharaonique. Reconnaissable à sa tête de chien noire, Anubis, «le jeune chien», était le gardien des nécropoles. Il était «celui qui est la bandelette», patron des embaumeurs chargé d’accompagner les défunts aux portes de l’Au Delà lors du pesage des âmes par son père Osiris. En tant que Chien des Enfers, il présidait au crépuscule, passage du jour à la nuit. On vouait au Dieu-Chien un culte universel et de nombreux temples lui ont été consacrés, le plus célèbre restant celui de Cynopolis, où les habitants avaient l'obligation de nourrir tous les canidés. A la mort de leurs compagnons, certains propriétaires les faisaient embaumer et les installaient dans une tombe pour mieux les retrouver dans l'Autre Monde.
Contrairement au panthéon égyptien, le monde de la mythologie grecque est peuplé de dieux représentés sous les traits d'humains à la beauté idéale, des divinités parfois cruelles et méprisantes. On y trouve aussi des dieux-animaux, des monstres censés mettre en valeur les héros, allégories de la Grèce antique. Parmi eux on distingue le Cerbère, le chien Gardien des Enfers. Représenté sous les traits d'une bête à trois, cinquante ou cent têtes selon les auteurs, sa queue de dragon et son échine hérissée de serpents terrorisent les morts et les vivants qui tentent de pénétrer dans le royaume souterrain. Impitoyable, il déchiquette de ses crocs empoisonnés quiconque tente de forcer la porte des Enfers.
Les phéniciens, quant à eux, étaient un peuple de marins et de commerçants installé sur les côtes de l’actuel Liban entre 1180 avant JC environ, jusqu’à sa conquête par Alexandre le Grand, en 332 avant JC. Il y a quelques années, on a retrouvé à Ascalon, entre Tel Aviv et Gaza, un cimetière constitué de 700 tombes de chiens. Les bêtes étaient toutes ensevelies selon le même rituel : couchées sur le flanc, les pattes repliées et la queue enroulée autour des postérieures. La plupart sont des chiots, morts naturellement semble-t-il. Les historiens pensent que les canidés étaient peut-être associés à Eshmûn, le dieu guérisseur de la ville, car les anciens avaient remarqué qu’en cas de plaie, ces animaux se léchaient frénétiquement les pattes jusqu’à la guérison.
Plus proches de nous, enfin, les aztèques ont voulu expliquer les phénomènes qui bouleversaient leur environnement (séismes, sécheresses, eclipses) par des récits légendaires et des mythes fondateurs. Leurs divinités, assoiffées de sang, sont des monstres zoomorphes, parmi lesquels figure Xolotl, «l’animal». Il est le Dieu-Chien qui accompagne les défunts dans l’Au Delà, le protecteur des jumeaux et le dieu du feu.
Au fil des siècles, de nouvelles religions vont se développer. Elle ne verront plus le chien comme un guide spirituel, mais plutôt comme une créature inintéressante ou pire, un suppôt du Malin. Les Anciens avaient eux, l'humilité de voir en lui un maître et un protecteur. C'était encore l'époque ou Humanité et Animalité cohabitaient en paix.